Dans le cadre de l'opération Postes, nous avons lancé une réflexion sur le remboursement des frais engagés par les candidats auditionnés aux concours de recrutement d'enseignants-chercheurs à l'Université. Ce document tire les conclusions de cette réflexion, alimentée de nos nombreuses discussions. Il regroupe les différentes hypothèses de travail, les idées, leurs avantages et les objections qu'elles soulèvent. Initialement destiné aux sociétés savantes de mathématiques (SMF, SMAI), il peut, nous l'espérons, intéresser les directeurs de laboratoires, d'école doctorale, ou tout acteur du recrutement universitaire.
Position du problème
Le concours de recrutement MCF/PR, malgré une durée totale très importante (près de onze mois entre l'ouverture des candidatures à la qualification et les résultats définitifs de nomination), laisse très peu de temps aux Universités pour entendre leurs candidats: selon les années, les commissions de spécialistes (CSE) disposent de trois à quatre semaines pour décider de la liste des candidats auditionnés, organiser les auditions et décider du classement, poste par poste. En pratique, les auditions des candidats se déroulent en deux semaines.
Cette période est donc particulièrement chargée pour le candidat: pour un poste donné, les auditions ont lieu (en règle générale) pendant deux ou trois jours, ce qui le force parfois à des impasses et souvent à des itinéraires compliqués (cette période est souvent qualifiée de "tour de France" par les intéressés), pour peu qu'il ait envoyé sa candidature à de nombreuses Universités (ce que la sagesse recommande, vu le faible nombre de postes mis au concours ces derniers temps). Bien entendu, le candidat, souvent prévenu peu de temps avant l'audition, doit organiser ses voyages très rapidement, ce qui limite l'application de tarifs réduits en train ou en avion. Enfin, la situation devient inextricable si, de plus, le candidat doit organiser tout ceci à partir de l'étranger, où il effectue par exemple un stage post-doctoral.
Pourquoi rembourser (en partie?) les frais de déplacement des candidats?
Dans toute la suite du document, nous nous limiterons au concours de recrutement MCF, la situation des candidats au concours PR étant, très généralement, différente: le candidat PR a, dans la plupart des cas, une position assez stable (MCF, CR...) et un nombre d'auditions moins élevé pour envisager sereinement cette période.
Si on considère uniquement ces déplacements sous l'angle de la recherche d'emploi, il paraît bizarre de chercher à rembourser les frais de déplacement consécutifs à un concours de la fonction publique. De plus, pourquoi le secteur public devrait-il rembourser ses candidats alors que le secteur privé n'y pourvoit pas? A ces objections de principe, on peut opposer divers arguments:
A notre connaissance, aucun autre concours de la fonction publique n'impose autant de déplacements en si peu de temps à ses candidats.
Au niveau de recrutement bac+5 et au-delà, nombreuses sont les grandes entreprises (privées ou publiques) qui défraient leurs candidats: ceux qui ont passé avec succès les premiers entretiens, lorsque les procédures de recrutement imposent un déplacement (visite de site, nouvel entretien), voient généralement leur trajet remboursé. Ces facilités font partie d'une politique visant à attirer des jeunes diplômés... politique rarement évoquée à l'Université.
Les candidats aux postes MCF sont, dans leur très grande majorité, en contrat à durée déterminée (allocation de recherche, A.T.E.R., post-doc...) au moment des concours de recrutement. Ils ne peuvent donc pas bénéficier des aides à la recherche d'emploi dispensées aux inscrits à l'A.N.P.E. Cette situation précaire est, de plus, pratiquement imposée par la forme et la durée du concours: le délai minimum, fixé par arrêté, entre la soutenance de thèse et le recrutement est, depuis quelques années, d'environ huit mois.
Sans accorder trop d'importance à la comparaison entre le secteur public et le secteur privé, ce dernier met néanmoins en place des moyens souvent conséquents dans le recrutement de jeunes diplômés, ce qui crée une distorsion de concurrence sur le marché de l'emploi. Nous ne rentrerons pas dans la délicate question de l'attractivité des carrières universitaires, mais le remboursement que nous préconisons peut être vu comme un pas (très modeste) dans cette direction.
De plus, le candidat recruté MCF n'est pas le seul bénéficiaire du concours de recrutement:
L'Université qui pourvoit le poste reçoit pendant les auditions une information scientifique réelle (quelles sont les thématiques abordées par ces jeunes docteurs, les résultats de leur recherche...) même si elle mériterait d'être mieux développée. Cette information peut être comparée à celle propagée à l'occasion de séminaires, journées, rencontres, congrès...
L'Université d'origine gagne en prestige lorsque des candidats issus de ses rangs se présentent brillamment à ce concours. Les auditions sont parfois aussi un moyen de nouer des contacts de recherche par l'intermédiaire d'un candidat.
Ce dernier point amène à penser ceci: il ne serait pas absurde que les acteurs du recrutement universitaire financent en partie ce recrutement. On peut imaginer aussi qu'à terme, ce remboursement entraîne des effets bénéfiques pour la qualité du concours: les auditions "faire-valoir", ou les listes de 35 auditionnés par poste auraient alors un coût non nul, les auditions seraient réellement vues comme des exposés scientifiques, avec discussion, visite du site... Mais bien entendu, il est prématuré de parler des effets miraculeux d'une pratique non encore instaurée.
Comment rembourser ces frais?
Bien sûr, les textes n'imposent à personne de rembourser au candidat ses frais de déplacement. Et comme souvent, ce qui n'est pas imposé est pratiquement interdit, sinon très difficile à mettre en oeuvre. Nous présentons ici quelques pistes, formules, initiatives qui, selon le cas, demandent une volonté et une quantité de travail variables. En premier seront présentées les voies préexistantes, qui n'exigent pas d'initiative collective particulière, mais dont la réussite est faible. Puis nous proposerons des pistes qui, en impliquant nos soutiens (les sociétés savantes), facilitent, à notre avis, ce remboursement.
Comme nous ne sommes pas à même de changer la loi, nous ne proposons que des solutions fonctionnant dans le cadre réglementaire actuel. Si un jour l'Etat se découvre la volonté de rembourser les frais de déplacement des candidats auditionnés, cette synthèse deviendra caduque... à la grande joie de ses rédacteurs. Pour le moment, le remboursement des frais de déplacement des candidats auditionnés dépend fortement de la bonne volonté des acteurs du recrutement: en particulier, pour que l'Université qui recrute décide de dédommager les candidats auditionnés, il faut que cette position soit soutenue par une très large majorité (voire l'unanimité) des membres de la CSE. La réalisation de nos propositions nécessitent également une mobilisation de cet ordre.
2 - Les méthodes existantes
Sans initiative collective, il est difficile mais possible de rembourser à un candidat ses frais de déplacement pour audition, bien que la pratique soit très rarement mise en oeuvre. Nous ne pouvons que souhaiter qu'elle se développe. Certaines des solutions présentées ici demandent d'être confrontées à l'expérience:
L'Université d'origine paie
2.1 - Le docteur est rattaché à un laboratoire universitaire, dont il est membre non-permanent (allocataire, A.T.E.R...). Il peut a priori faire une demande d'ordre de mission avec frais pour les auditions. Dans la plupart des cas, l'Université refusera de signer un tel ordre de mission, à part circonstance particulière, si par exemple le voyage est motivé par autre chose que l'audition. Il faudra naturellement de soutien de la direction du laboratoire. Cette solution ne fonctionne donc qu'exceptionnellement.
2.2 - Le docteur fait partie d'une Ecole doctorale. Depuis peu, les Ecoles doctorales sont dotées de moyens importants, mais aucun texte n'encadre vraiment l'utilisation de ces fonds. Place est faite à l'expérimentation. Il est possible qu'une enveloppe par docteur soit allouée pour les frais de déplacement dus à la recherche d'emploi. Ces décisions sont du ressort du conseil de l'Ecole doctorale. Nous n'avons pas connaissance de remboursements obtenus par cette voie, mais elle paraît possible.
L'Université qui auditionne paie
2.3 - La commission de spécialistes qui organise l'audition peut décider de rembourser les frais de déplacement des candidats auditionnés. Dans la pratique, l'Université refusera de payer les frais des candidats auditionnés. Il s'agit alors de transformer les auditions en journées de conférences, et de rembourser les "conférenciers" invités. Ceci nécessite bien sûr un ordre de mission sans frais émis par l'établissement d'origine. On comprend facilement qu'un candidat en plein Tour de France aura du mal à obtenir de son établissement un ordre de mission sans frais avant un délai important. De plus, en cas de trajectoire triangulaire (sans repasser par l'établissement d'origine), savoir qui rembourse quoi devient très difficile. Des laboratoires ont remboursé des frais de cette façon, sur la base d'un forfait. Ils ont pu en profiter pour monter de vraies journées de conférence. Néanmoins, la nécessité des ordres de mission sans frais a alourdi la procédure, et l'obligation d'afficher les conférences quelques temps avant qu'elles aient lieu a posé des contraintes importantes sur les dates de rénion des CSE.
Cette dernière solution pose des problèmes lorsque le laboratoire qui se verra attribuer le poste n'est pas choisi, ou lorsque ce choix est litigieux. De plus, il faut masquer à l'administration (comptable) le fait qu'il s'agit de remboursements à des auditionnés, sans quoi aucun remboursement n'est possible.
3 - Les pistes proposées par Postes
Dans cette partie, nous présentons les mécanismes actifs, dans lesquels l'opération Postes est prête à s'impliquer, afin de simplifier à tous la démarche de remboursement. Notre objectif est de présenter un moyen simple, efficace et, bien entendu, en accord avec les dispositions réglementaires en vigueur, afin d'étendre ce remboursement au plus grand nombre de centres -- donc au plus grand nombre d'auditionnés. Pour toutes les solutions proposées dans cette partie, c'est l'établissement recruteur qui remboursera (en partie) les frais de déplacement des auditionnés.
Les pistes que nous donnons ici supposent que les conditions suivantes soient réunies:
les sociétés savantes (SMF, SMAI) soutiennent sans réserve le dispositif, approuvent son fonctionnement, éventuellement participent matériellement à sa réalisation (dans les limites que nous détaillerons plus loin);
un nombre minimum de centres (laboratoires, Universités) se déclare intéressé et prêt à rembourser de cette manière leurs candidats auditionnés. Nous établissons a priori ce minimum à 5.
Il est clair que, sans ces soutiens fermes, Postes ne peut à elle seule lancer une opération impliquant des transferts d'argent. En l'absence de ces prérequis, Postes ne peut qu'encourager à développer les méthodes vues au deuxième point. Nous rappelons que l'opération Postes n'est jamais qu'une opération conjointe menée par la SMAI et la SMF, soutenue par la Guilde des Doctorants, et que les seules entités existantes sont les sociétés savantes, qui missionnent cette opération.
Les grands principes qui sous-tendent ces propositions sont les suivants:
comme il est difficile d'obtenir des Universités un remboursement fondé sur les frais réels du candidat (nécessitant un ordre de mission, cf 2.1 et 2.3), celui-ci se voit rembourser un forfait. Nous pensons qu'un montant de 50 euros n'est pas déraisonnable. Nous ne chercherons à rembourser ce forfait qu'aux candidats non locaux réellement auditionnés.
afin de simplifier les démarches pour les centres volontaires, les fonds sont collectés en une seule fois, ce qui évite les ordres de mission individuels qui multiplient les procédures. Le travail des centres est alors terminé.
ces fonds, versés à l'"organisme" (dépendant des sociétés savantes) dont nous détaillons les diverses formes possibles, sont répartis par l'opération Postes (qui dispose des listes d'auditionnés, et qui peut disposer assez facilement des listes d'auditionnés ayant effectivement fait le déplacement), qui, au nom de l'"organisme", envoie les forfaits à chaque candidat.
Les candidats désireux de se faire rembourser forfaitairement ces frais d'auditions doivent bien entendu se faire connaître de l'"organisme". Les formalités sont simplifiées pour les deux parties puisque, d'une part, les centres recruteurs n'effectuent qu'une opération comptable, et que, d'autre part, le candidat n'a pas à fournir les ordres de mission sans frais correspondant à chaque audition.
La difficulté principale réside dans la collecte de fonds: il s'agit de déterminer quelle entité (laboratoire, commission de spécialistes, UFR, Université...) est prête à payer des forfaits, et sous quelle forme réglementaire elle peut donner de l'argent à l'"organisme": ceci dépend bien sûr de la forme choisie.
Une contrainte supplémentaire apparaît, dans la gestion de l'opération: Postes est entièrement constituée de bénévoles, et les sociétés savantes ne disposent pas de moyens techniques (secrétariat, comptabilité) à affecter à cette nouvelle opération. Le fonctionnement de l'opération devra donc être simple et ne pas nécessiter trop d'écritures comptables.
Nous avons imaginé plusieurs modes de fonctionnement possibles. Nous indiquons le type, les moyens demandés, les avantages et les inconvénients éventuels.
3.1 - Les bourses "Candidats MCF 2002"
La SMF et la SMAI (techniquement, l'opération Postes) lancent une
campagne de souscription aux bourses "Candidats MCF 2002". La diffusion de
l'information peut se faire à partir des media habituels de
l'opération Postes (page web, liste de diffusion des contacts), mais
aussi par d'autres moyens (Matapli, Gazette des mathématiciens,
pages web de la SMF et de la SMAI). Les candidats désireux de se
voir rembourser les forfaits s'inscrivent électroniquement sur le
site de Postes. Au moment des auditions, chaque commission de
spécialistes (laboratoire) participant envoie un bon correspondant
à 50 euros multiplié par le nombre de candidats non locaux
réellement auditionnés. La gestion comptable des bourses
est effectuée par SM* (il faudra qu'une des deux sociétés
savantes accepte de faire la trésorerie) qui voit donc arriver autant
de chèques que de centres participant à la collecte.
L'opération Postes détermine alors le montant que doit recevoir
chaque candidat inscrit, grâce aux listes de candidats
réellement auditionnés. SM* libelle alors des chèques
aux ordres de ces candidats, et Postes peut les envoyer, grâce aux
coordonnées que les candidats ont données à
l'inscription.
Difficultés:
un laboratoire (ou toute autre entité publique) peut-il participer à une souscription?
le nombre total de chèques reçus et émis est égal au nombre de centres participants, plus le nombre de candidats inscrits, auditionnés réellement dans un centre participant. Cela represente un nombre de chèques non négligeable. Malheureusement, cet inconvénient est valable pour toutes les propositions faites ici.
Avantages:
La renommée des sociétés savantes permet de collecter plus facilement.
si une caisse de ce type est réalisable, sa structure est claire et simple, facilement explicable à tous.
Des candidats recrutés recevant un chèque signé SM* seront peut-être plus facilement de futurs adhérents. Heureusement, cet avantage est commun à toutes nos propositions...
Moyens exigés:
Des écritures comptables de la part de SM*: autant que de
centres souscrivant à la collecte (on peut espérer 10
à 20), et plus le nombre de chèques correspondant au nombre de
candidats indemnisés (entre 50 et 200, en comptant de 5 à
10 candidats indemnisés par centre).
Une activité médiatique précédant la collecte (menée par Postes).
La mise en place d'un fichier de candidats inscrits à
aux bourses (avec déclaration probablement
nécessaire à la CNIL) et le calcul des versements par candidat
(menée par Postes).
3.2 - Le Prix Postes 2002
Dans ce scénario, l'"organisme" est à nouveau SM*, et il s'agit de remettre des prix aux candidats. La manière dont ce prix est doté reste à établir dans les détails, mais il pourrait s'agir, pour les centres recruteurs, d'un abonnement en tant qu'"institutionnels" aux services de l'opération Postes (aujourd'hui disponible gratuitement à l'adresse http://postes.smai.emath.fr/). Chaque centre recruteur volontaire choisit, à l'issue de la réunion de la CSE décidant de la liste des auditionnés, de s'abonner à nos services, moyennant l'achat de "jetons" (à l'instar de certains logiciels de réseau, qui n'acceptent qu'un nombre limité d'utilisateurs simultanés, correspondant au nombre de "jetons" accordé au propriétaire de la licence). Il est convenu que le nombre de jetons achetés correspond au nombre de candidats non locaux auditionnés, et que son montant est celui du forfait (50 euros). Cet abonnement (similaire à l'abonnement d'un laboratoire à une revue comme Matapli ou la Gazette des mathématiciens), est adressé à SM*. En théorie, l'argent nécessaire aux indemnisations est alors perçu.
La distribution des forfaits peut alors prendre la forme d'un Prix: tout candidat intéressé par ce prix peut déposer sa candidature (les conditions de candidature étant les mêmes que les conditions de participation aux concours de recrutement MCF), qui sera enregistrée en ligne sur le site de Postes. La vocation du Prix sera de "récompenser les meilleur candidats aux concours de recrutement en mathématiques". Le jury (constitué des membres de l'équipe Postes, éventuellement d'autres) désigne alors souverainement les lauréats, qui se verront attribuer un chèque. Le montant du chèque sera calculé (mais ce calcul restera à la discrétion du jury) par une simple multiplication du forfait par le nombre d'auditions du candidat.
Difficultés:
Ce scénario est plus complexe et moins transparent (bien que nous soyons certains de sa légalité) que la première solution. Sa propagation pourra en être freinée.
Les sociétés savantes SM* sont plus sollicitées dans la phase de collecte, car la demande d'abonnement aux services de Postes doit figurer dans les mêmes formulaires que l'adhésion, l'abonnement aux revues... D'autre part, un tel abonnement est certainement sujet à la T.V.A., et il faudra prévoir une déclaration.
Les abonnements de ce type sont parfois de la compétence des services centraux d'Université, et la souscription peut alors devenir très longue à obtenir.
Cette option exige de reconfigurer une partie du site de Postes, afin d'identifier l'origine du visiteur: si le visiteur se connecte à Postes à partir d'un laboratoire non abonné, un bandeau d'accès restreint doit apparaître.
Si la réalité des services donnés par l'abonnement ne fait pas de doute, son intérêt pour le centre (améliorer l'information des jeunes doctorants et candidats) n'est pas évident (les candidats disposant gratuitement, à titre individuel, des mêmes services).
Avantages:
Mêmes avantages que la proposition précédente, excepté la simplicité du dispositif.
Moyens exigés:
Mise en place du formulaire d'abonnement (travail nécessairement conjoint entre SM* et l'opération Postes)
Des écritures comptables de la part de SM*: autant que de centres souscrivant à l'abonnement (on peut espérer 10 à 20), et plus le nombre de chèques correspondant au nombre de lauréats (entre 50 et 200, en comptant de 5 à 10 lauréats par centre).
L'opération Postes s'occupe du Prix proprement dit (inscription, proclamation des résultats, envoi des prix)
3.3 - Les autres solutions
Nous avons envisagé d'autres pistes, mais elles nécessitent toutes la mise en place d'une nouvelle structure, juridiquement détachée des sociétés savantes. L'opération Postes, restant dans le domaine du volontariat actif, refuse d'endosser des responsabilités qui doivent revenir à de grands organismes, et ces options sont citées pour mémoire. Les voici donc décrites en quelques mots:
L'opération Postes constitue une association loi 1901 afin de réaliser directement l'une des propositions précédentes. Outre le fait qu'une collecte au nom d'une association inconnue n'a aucune chance de fonctionner, la totalité de l'action exigée par ce projet ne peut être supportée par les membres de Postes, et le soutien des sociétés savantes est nécessaire.
L'opération Postes constitue un cabinet d'études en ressources humaines: ayant pour client les laboratoires, ce cabinet reverserait directement les forfaits aux candidats. Cette option nous paraît constituer un précédent dangereux pour le recrutement MCF (les laboratoires ne font encore appel à aucune officine de ce type, ce dont nous sommes heureux) , et engagerait notre responsabilité à un niveau bien supérieur à ce que nous admettons.
Enfin, une proposition, parallèle à la proposition 2.2, mériterait un examen approfondi de la part des responsables d'école doctorale et des directeurs de laboratoires:
L'opération Postes organise une journée Postes 2002, sorte de forum, où les centres recruteurs exposeraient leurs demandes d'emploi, et où les candidats pourraient se renseigner et se faire connaître. A l'image de ce qui se passe dans le secteur privé, des contacts pourraient se nouer entre recruteurs et futurs recrutés. La participation à ce forum serait payante pour les "institutionnels" (pour les candidats, éventuellement, une somme modique, qu'un laboratoire ou une école doctorale peut rembourser, pourrait être demandée). Suite à cette journée, qui, bien entendu, aurait lieu après la publication des postes, les organisateurs pourraient décerner des bourses jeunes (sur un principe semblable aux bourses jeunes du CANUM) aux candidats qui en feraient la demande. Le fait que ces bourses jeunes ne soit pas directement liées aux déplacements des candidats pour les auditions faciliterait peut-être leur mise en place. Il serait possible de moduler le montant des bourses en fonction de la situation des candidats, et de tenir compte de situations particulières, comme un post-doc à l'étranger.
Cette dernière proposition nous semble à la marge du cadre que nous nous sommes imposé lors de notre réflexion, l'objectif initial n'étant pas de fabriquer un système (forcément plus restrictif) de bourses. Néanmoins, si elle figure dans notre synthèse, c'est que nous estimons sa réalisation possible, peut-être par le biais des écoles doctorales, dont les moyens de fonctionnement sont devenus importants. Il reste que cette proposition ne pourra être portée par la seule opération Postes.
4 - Conclusions
Les rédacteurs de cette synthèse ne prétendent pas, bien entendu, à l'exhaustivité. Conscients de la difficulté de l'entreprise, nous cherchons aussi à susciter le débat et éveiller, parmi les acteurs du recrutement universitaire, les bonnes volontés nécessaires à un tel projet.
Cette synthèse évoque peu, et c'est délibéré, la question suivante: quelle structure universitaire peut se reconnaître comme l'"acteur du recrutement universitaire" dont nous parlons plus haut? Le laboratoire ? L'U.F.R. ? L'école doctorale? La commission de spécialiste ? Nous sommes d'avis que ces structures, aux moyens inégaux, peuvent, si la volonté est réellement présente, devenir les acteurs responsables et conscients du recrutement, que nous cherchons à rendre plus transparent et équitable.
Si les conditions sont réunies, nous proposons de lancer ce projet (sous la forme qui apparaîtra la meilleure) en prototype pour le recrutement MCF 2002 1ère session. Outre le soutien des sociétés savantes, nous pensons que la participation de 5 centres est un minimum pour réaliser ce test en vraie grandeur, et pouvoir évaluer ensuite les résultats de cette opération.
Les pistes proposées ont été construites par réflexion collective, elles peuvent naturellement être améliorées et rendues praticables de la même façon. Nous restons bien sûr ouverts à toute idée, proposition, remarque, suggestion visant à faciliter et à généraliser l'indemnisation des candidats auditionnés.
Pour toutes questions,
remarques, commentaires... écrivez-nous à postes@emath.fr